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mardi 14 juin 2011

l'escalier de Zeb


"Cet escalier fait partie de la maison de ville que nous habitons actuellement, depuis une douzaine d'années, dans cette banlieue à deux pas, non dix exactement puisque, administrativement, d'un côté de l'avenue limitrophe, l'adresse est parisienne, et, de l'autre, banlieusarde. Mais, jusqu'à présent je ne lui ai vu qu'un aspect utilitaire, bien que je le trouve assez joli pour une habitation très modeste incluse dans un tout petit ensemble composé d'une petite maison de maître et de dépendances reconverties en habitation, qui pourrait être charmant mais qui, faute d'entretien par les propriétaires qui ne veulent investir aucun sou dans la rénovation de ses abords extérieurs, paraît presque pouilleux.
Depuis le départ de Zeb, chaque fois que je descends ou monte cet escalier, je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au cœur, en pensant au jour, sans doute très prochain, où nous quitterons les lieux. C'est la première fois que nous aurons occupé un logement aussi longtemps, car je ne compte pas le nombre de mes déménagements intra muros, ayant souvent eu la bougeotte et/ou simplement des désirs de changement incessants. Au fil de mes amours, je crois que j'ai ainsi sillonné Paris en long, en large et en travers, et sauf deux ou trois arrondissements que je n'ai jamais habités, tous ont essuyé mes pas, parfois pour des périodes très brèves...
Pour Zébulon, cette maison était la troisième qu'il a connue avec Oli et moi. Il a tellement imprégné les lieux de sa présence qu'ils résonnent encore tout entiers de ses galopades joyeuses, de ses gloussements intempestifs de joie lorsqu'il passait devant mon bureau pour venir me chercher à l'heure d'aller dans la cour pour prendre le courrier ou m'occuper des plantes, de ses cris de guerrier de pacotille lorsqu'il embêtait les minettes qui, elles, avaient un vrai rythme de chat, dormant normalement, c'est-à-dire plus qu'un loir ! L'instant où je sens le plus son absence, c'est effectivement lorsque je descends ou monte cet escalier. Plus de risque de me casser la figure en ratant une marche parce qu'il aura déboulé comme une tornade entre mes jambes !
  
Un pied, deux pieds, et toujours pas de Zeb... C'est triste le vide, c'est vertigineux, l'absence...

Zeb, toujours prêt à me précéder dans l'escalier...

J'ai pris les photos ci-dessus avec beaucoup de tristesse. Je me suis aperçue que durant toutes ces années où Zeb était là, je n'aurais jamais pu les prendre ainsi. Pourquoi ? Tout simplement parce que, dès qu'il m'entendait me lever de mon siège, il était déjà sur le palier, prêt à se précipiter dans l'escalier pour me précéder, sans même savoir où j'allais. Le plus rigolo, c'était lorsqu'il s'apercevait que je ne descendais pas mais bifurquais dans la salle de bains ! Il prenait alors un air dépité, l'air de rien, il faisait un petit brin de toilette sur une marche pour se donner une contenance, puis remontait aussitôt me rejoindre !

Zeb en testeur de parfum !

Zeb en commentateur de mes lectures ou de ma prose !

Même au milieu de la nuit, quand je me levais, il faisait de même, on n'aurait dit qu'il accordait son rythme au mien, toujours prompt à me suivre à pas-d'heure, quoi que je fasse, où que j'aille, à l'intérieur de nos murs… Nous ne faisions qu'un, lui allant même jusqu'à dormir sur mon cœur, à s'installer sur ma poitrine dès que je m'installais, ne serait-ce que pour lire, à fondre sa respiration avec la mienne. Oui, oui, je sais, je suis bonne à enfermer !!! Quel  vide, il laisse dans la maison. Tout est silencieux maintenant, plus de bousculade nulle part, plus de ronflements, de zonzonnements plutôt, au creux de mon oreiller avant de m'endormir, plus de bouillote à mes jambes quand il fait un peu frisquet, plus de dérapage incontrôlé sur mon bureau mettant sens dessus dessous mes feuilles, plus de commentaires sur ma prose (si, si, il commentait tout !) puisqu'il passait son temps sur mes genoux quand je travaillais, ni sur mon huile de bain, mon maquillage ou autres activités dans la salle de bains, plus personne pour faire le goûteur de plats (il avait l'habitude de tout vouloir renifler de ce qu'on mangeait, levant la tête d'un air curieux du haut de ses trois pommes lorsque je passais avec mes plats devant lui, il suffisait alors de lui dire, "mais non, tu n'aimes pas ça Bubul", et il était content, s'en retournant à sa gamelle d'un air satisfait !)… Sacrée bestiole, je ne me rendais pas compte qu'il était si présent dans ma vie avant cette absence définitive…

Du vivant de Zeb, Chipie squattait souvent l'escalier de cette façon, ce qui créait parfois des scènes assez cocasses lorsqu'ils se croisaient. Elle ne le fait plus jamais, comme si la perspective de ne jamais plus y rencontrer son frère a annihilé tout plaisir d'amusement de ce côté-là...
Zeb, l'âme de ma maison..."
par Colibri

13 commentaires:

  1. C'est vrai que c'est souvent à partir d'un objet ou d'un lieu qu'on ressent vraiment certaines absences !....

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  2. Un bel hommage à notre Zeb !
    On pense à lui, tu sais, Colibri, les copains du Club en parlent sans cesse...
    Charlie et moi te faisons un gros kalin de consolation.
    Kalinette

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  3. mais ils sont toujours avec nous et en regardnt du coin de l'oeil nous pouvos les entrevoir..je le sais très bien

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  4. Des souvenirs heureux, une présence... la vie doit continuer, elle continue !

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  5. Tu as raison, Babeth, et parfois même cela peut être un objet, un lieu tout à fait insignifiant aux yeux des autres...

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  6. - Tu as raison, André, la vie continue avec les souvenirs heureux, même s'ils nous rendent un peu tristes quelquefois !
    - Eh oui, Paola, j'ai souvent l'impression que Zeb me frôle dans l'escalier et parfois je crois même sentir son souffle sur l'oreiller quand je dors !
    - Merci, ma douce Kali, je vous fais, à toi et à Charlie un gros câlin !

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  7. Larmes aux yeux en te lisant. Ces chats sont nos âmes. Leur présence est essentielle, leur absence impossible.
    Alors tu quitteras cette maison, celle de Zeb...Un déchirement dans l'escalier, des marches qui craquent de lui et il sera dans la voiture, enfin, là bas lui aussi dans cette Bretagne qu'il maudissait de vous voir rejoindre, le voilà enfin,..peut être dans une forêt lui aussi...

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  8. Voyageuse Laure d'ici et d'ailleurs, merci pour tes jolis mots qui redonnent vie à cet escalier, j'entends déjà mon Zeb le dégringoler quatre à quatre, comme auparavant ! Oui, bientôt, enfin, il sera avec nous dans la voiture pour un autre voyage et, qui sait, au bout du chemin qui mène à la mer, y découvrira-t-il une belle forêt. Qui sait, qui sait, le voyage d'un chat est toujours extraordinaire, comme sa vie...

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  9. Ma maman humaine dit aussi que Zebulon est toujours là.. dans l'escalier et tout autour de vous…
    pourquoi en serait-il autrement ?
    Après plus de dix ans d'absence, Ses filles d'Amour sont toujours plus présentes présentes que jamais…
    et aujourd'hui, c'est ma venue à moi, qui continue cet Amour qui ne finira jamais…( heureusement..)
    Un bisous de Numa

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  10. Salut Numa !
    On aurait pu être potes tous les deux, au Kali's club, t'as l'air trop sympa, je comprends que ma frangine ait craqué pour toi !!! Elle a parfaitement raison, ta maman humaine, je suis encore partout, tout autour de ma Colibri, et même que dans dix, vingt ans, elle parlera encore de moi, tu verras ! Chez nous, c'est la Chipie qui a pris le relais, heureusement qu'elle était là pour continuer leur histoire d'amour avec nous !
    Zeb
    PS : pour ne rien te cacher, je suis tout à côté d'ELLE en ce moment, dans une joli petite boîte, et j'ai une histoire drôle à vous raconter à ce sujet, quand ELLE aura le temps ! C'est comme les films !

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  11. Bonjour Numa, merci pour ta gentille visite. Je te fais un gros bisou plein de tendresse, sur ton joli nez !
    COLIBRI

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  12. Tu me fais pleurer une nouvelle fois mon Petit Colibri, à chaque fois c'est radical. Comme il te manque et je le comprends. Je retrouve beaucoup de Zeb dans le tempérament de Micio, le premier pour descendre l'escalier, le goûteur de plats, celui qui parle ...et celui qui saute sur mon bureau, qui arrive sans bruit et qui me fait sursauter en fichant tous mes papiers sur le sol. Quelle place importante ces amours occupent-ils dans notre coeur, dans notre vie à tout jamais !
    je t'embrasse
    Danielle

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  13. Oh non, Danielle, il ne faut pas pleurer, zeb me manque terriblement, mais j'en reviens toujours à la même conclusion : il a eu une vie heureuse avec nous, sans grande adversité. C'est pourquoi la maison résonne de toute la joyeuseté qu'il pouvait lui transmettre ! C'est vrai que ces bestioles à poils ont l'art de conquérir nos coeurs autant que nos esprits, allant même jusqu'à grignoter un peu de notre âme... d'enfant ! Bisous à toi et plein de câlins à Micio (ah, ces deux potes, ils en ont fait des pitreries, hein, sur ce blog !) et à Tadzio !

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