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mardi 2 décembre 2008

cher Bruno, si je t'écris aujourd'hui


...Non, non, ne t'inquiète pas, ce n'est pas pour me faire adopter, j'ai largement dépassé l'âge de l'être (18 ans, et toutes mes dents !)? et même dans les maisons de retraite, on ne voudrait pas de moi... Tout juste bon pour la benne à recycler, comme dans Soleil vert..., et encore, avec le sacro-saint principe de précaution, "ils" auraient peur que mon âge canonique ne cache quelque maladie trans­mis­sible même en produit transformé ou après cuisson à 70°... Et pourtant, je me porte bien, comme un nouveau-né encore heureux de découvrir la vie, surtout maintenant que mes certitudes sont devenues des in­cer­ti­tudes, que mes passions, un peu moins violentes, ont vieilli comme moi, qui me rappelle le temps, lointain, où je trouvais ce beau vers si éloigné de mes préoccupations : "Jeunes gens, le temps est là devant vous, comme un cheval fou...".
Ce n'est pas non plus pour quêter en faveur de quelques bonnes œuvres, dont l'objet serait, par exemple, de "favoriser l'éducation des enfants", avec une lettre d'un enfant concerné, de 10 ans, écrite à la main dans un style, une expression et une maîtrise de l'orthographe et de la concordance des temps qui feraient pâlir d'envie un candidat à la spécificité si française qu'est votre Académie, aujourd'hui où, en moyenne, selon les statistiques, un écolier fait treize fautes d'orthographe dans une dictée... La faute aux ordinateurs et aux mobiles, paraît-il.
Ni pour te demander un service comme les copains qui, sou­dain, se souviennent de ton nom, et surtout de ta profession...
Non, rien de tout cela, je veux seulement – c'est, tu l'as dit toi-même dans ton livre, un vilain défaut chez nous (mes congénères et moi) – CAFTER !!!
Voilà. Hier, IL est rentré avec ce livre, que son libraire préféré lui a conseillé - un autre "couillon-à-chats" comme tu t'y décris (bienvenue au club !) –, et sur lequel ELLE s'est jetée : "Oh, tu as bien fait de l'acheter ! J'avais entendu parler de sa prochaine parution... Justement, tu te souviens, je t'avais dit que M. était aussi un doux-dingue (c'est mignon, hein ?) des félins, de gouttière par préférence (en référence à un 30 millions d'amis collector qu'elle a vu sur toi, par hasard), comme nous...".
Elle l'a dévoré (...) et comme ELLE critique tout (bien vu, Bruno, j'adore cafter !), je vais te dire que, dans l'ensemble, elle l'a beaucoup aimé. Ton approche de la gent de ces bestioles honnies un temps, adorées en d'autres, dont je fais partie, ta façon de vivre avec elles, chez elles, de les adopter, de te conduire en esclave (hi, hi !) avec elles... Tout, elle a aimé... Pas de critique alors ? Si, juste une petite chose sur ta docu­men­tation (ELLE n'en est dépourvue dans ce domaine !) : ELLE aurait bien aimé que tu mentionnes comme gaga des chats aussi James Coburn. Ça t'en bouche un coin, hein, un cow-boy bien velu et si "viril" en train de faire des papouilles à ses dizaines de chats dans son ranch ? Et, surtout, tu as oublié de préciser que cet affreux Richelieu, qui, certes, adorait les chats, avait la fâcheuse habitude de s'en débarrasser dès qu'ils atteignaient l'âge de trois ou quatre mois !!! Même si c'était dans les mains d'une nourrice (il en avait les moyens, le ministre !), c'était quand même une habitude répréhensible, non ? A part ça, elle a été très (trop) triste d'apprendre pour tous tes Ti-Toon (un des surnoms dont elle nous gratifie) qui ont subi des sorts malheureux. ELLE-même, dans son enfance à la campagne, a vu des choses horribles : ses chats revenus dans une ultime course mourir à la maison, les yeux exorbités, bavant le poison qu'on leur avait lâche­ment fait ingurgiter, d'autres écartelés sur des barbelés dans une position telle qu'il était difficile de croire à un accident, ou fauchés par une voiture, dans les fossés à l'herbe bien grasse leur faisant un doux cercueil... La mort fait partie de la vie, paraît-il. Et "on n'est jamais mort que quand plus personne ne parle de vous", dit-ELLE aussi. Alors vivent tes chats au paradis des greffiers ! Ce matin, elle m'a d'ailleurs précisé : "Tu as de la chance, je vais écrire un livre sur toi. Comme ça, tu n'auras pas existé pour rien, pas comme moi, qui ne sait même pas à quoi je sers dans cette vie". A me faire exister, tiens, pardi, c'est déjà pas mal !
Et comme ELLE ne fait jamais rien comme personne, qu'elle confond tout à souhait pour mieux se laisser aller à ses fantaisies, comme elle aime bien inverser les rôles, ELLE a dit, en rigolant : "Tiens, j'ai une idée, je vais faire ton livre en hommage à Bruno M. Ce serait drôle, moi parfaite inconnue qui fasse la promo de quelqu'un d'archi-connu !".
ELLE voudrait savoir si, en introduction, elle pourrait se servir de cette lettre, qui t'appartiendra lorsqu'elle sera parvenue entre tes mains (...)

Dis-moi ce que tu en penses. Mais si tu n'as pas le temps de m'écrire, ce n'est pas grave, je m'en remettrais, comme du reste de ma vie, si longue déjà, pourtant si vide encore, et si vaine jusqu'à présent (Ah, le fantasme de l'Eternité, qui laisserait aux paresseux tout le temps de réaliser leurs désirs, croit-elle. Je pense plutôt qu'une telle possibilité annihilerait tout désir. M'enfin... Cha­cun croit ce qui l'arrange...). Et ELLE trouvera une autre introduc­tion, son plaisir étant d'ailleurs de commencer, comme ça, plein de ba­fouilles – qu'ELLE ne termine jamais, car "finir, c'est un peu mourir..." dit-elle encore (ne seriez-vous pas un peu compliqués, vous les hu­mains ?) –, sans compter que cet exercice difficile et tant aimé de Victor Hugo l'inspire beaucoup.
Bien à toi et à tes greffiers, surtout à Pot de Colle – moi, c'est monsieur La Glu (à dire, en général, sur un ton un peu agacé, pour introduire la phrase qui vient souvent après "ton père est vitrier ?"... Ben non, pourquoi ILS me demandent toujours ça, eux qui se plaignent tout le temps de devoir se contorsionner dans toutes les positions pour lire, écrire, et même dormir ? Vraiment, il faudrait m'expliquer tout cela un jour...
Zébulon (ZEB, pour les intimes)
PS. : ILS sont tellement nuls qu'ILS m'ont pris pour un (bâtard de) persan pendant longtemps, jusqu'à ce que, il y a à peine un an, une assistante (!) de véto leur a dit que je suis originaire des... forêts norvégiennes !!! Remarque, vu les raquettes que j'ai, ILS auraient dû le deviner !
PPS. : Le titre du livre qui sera tiré de ce blog sera "Cher Bruno ou La vie de Zébulon en bande défilée" (...) Ce n'est même pas sûr qu'elle ira courir l'éditeur pour ça, encore qu'elle me l'a promis... J'espère qu'elle n'est pas gasconne !

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