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lundi 31 mars 2014

chat des villes, chat des champs

Billet rédigé par Colibri
De tous les chats que j'ai eus dans ma vie d'adulte - je parlerai de chacun d'eux individuellement de façon complète à l'occasion -, sans mentionner ceux que j'avais enfant quand je vivais chez mes parents à la campagne, Chipie est la seule qui ne soit pas d'appartement, elle est la seule qui connaisse la nature en ayant le privilège de vadrouiller partout à sa guise après que je lui ai montré les limites de nos espaces privés. Libre à elle de les dépasser, à ses risques et périls, ce qu'elle a l'air d'avoir compris très vite, au fur et à mesure de nos allées et venues partagées entre les trois lieux habituels de notre vie actuelle.
Sa vie n'a rien de comparable avec celle de ses illustres prédécesseurs parisiens qui n'ont eu que balcon, jardin ou cour pour s'aérer, ce qui, somme toute, est déjà pas mal pour des habitants de la capitale, car je connais beaucoup de chats qui sont enfermés tout le temps entre quatre murs. Il paraît qu'ils s'adaptent facilement à leur espace. J'en avais eu un, à mon arrivée à Paris, Mimi, pendant six mois, un magnifique grand chat tout tacheté à la manière d'un léopard, la progéniture d'une chatte domestique d'un ami, laquelle s'était perdue d'amour dans les griffes d'un beau sauvage. Je vivais alors dans un studio sur cour dans le premier arrondissement, il n'avait qu'une fenêtre sur une minuscule cour comme paysage, cela me rendait triste de voir mon chat m'attendre toute la journée, ainsi enfermé. Il paraît qu'il m'entendait dès que je tournais au coin de la rue, à ce que m'en avait dit un ami, lorsque je partais chercher des croissants le matin ! Six mois plus tard, je m'en étais séparée, en l'emmenant chez mes parents car, à l'époque, je n'arrivais pas à me résoudre à le faire castrer, cela me paraissait injuste et cruel. Mimi a fini sa vie avec une belle descendance qu'il a eue avec Minette, la chatte européenne écaille de tortue de mes parents. Puis vint Gaspard, un tigré européen, qui n'avait pas eu grandes possibilités d'être au contact du monde extérieur non plus au départ, sauf des fenêtres ouvertes sur la rue, toujours dans le même arrondissement mais sur une artère tellement circulante qu'il était difficile d'aérer sans se prendre une dose maximale de monoxyde de carbone ou de bruit infernal.
Au fil de mes déménagements, cependant, j'avais pris en considération le besoin d'un animal tel qu'un chat d'être au contact de ses congénères, avec un aperçu sur l'extérieur, et même mon cher Gaspard avait fini sa vie dans un appartement avec un balcon qui dominait encore un axe de circulation très fréquenté aussi, si bien que, souvent effrayé par le flux incessant des voitures, il n'en profitait pas plus que cela. Après avoir eu deux maîtres, mon ex et Titou, il nous a quittés à l'âge de 13 ans, terrassé par la maladie (le diabète), nous laissant alors seuls, Titou et moi, avec la vieille Misty, qui avait aussi subi deux opérations pour des nodules qui revenaient régulièrement.
Nous avions alors adopté Zeb, né dans le quinzième arrondissement de Paris, capturé avec ses frères et sœurs par une dame chargée de cette basse besogne pour éviter la prolifération des chats errants dans la capitale. Il avait alors deux mois, et son adoption a été délirante, on se demandait si on ne rêvait pas, tellement le passage au grill chez la dame a été hors de proportion avec la chose (le fait d'adopter un chat, pas le chat lui-même !). Or, peu de jours après son arrivée chez nous, une voisine nous a signalé un chaton qui semblait mal en point dans un tas de bois au fond de sa cour. Je suis allée voir et c'est ainsi que j'ai extirpé dudit tas un chaton d'environ trois mois qui mourait de faim à tel point qu'on ne voyait que sa tête, le reste  de son corps se présentant comme un porte-pyjama vide. Il devait avoir environ trois mois et sa mère l'avait abandonné. Il était envahi de puces et ses oreilles étaient pleines d'un parasite dont je ne me souviens plus du nom. Je pensais que c'était un mâle, je l'avais appelé Nimbus. Il était si petit et peureux qu'il se terrait dans le moindre trou de souris de la salle de bains, poursuivi par un Zeb déjà très turbulent, qui n'arrêtait pas de la "chasser" sans lui laisser un instant de répit, lui, l'infatigable qui ne dormait jamais ! Quelques semaines plus tard, lorsque le nouveau chaton avait repris quelques formes, je m'étais aperçue que c'était une femelle ! C'est ainsi que Nimbusse a fait partie d'un trio qui nous a donné beaucoup de joie pendant presque vingt ans. Misty s'en est allée à 20 ans. Zeb et Nimbusse ont eu à peu près la même durée de vie, tous deux ayant eu la chance de connaître Chipie, recueillie par nous en 2005 alors qu'elle avait déjà plus d'un an et demi.
Chipie sur le pas de la porte de SON appentis,
du temps de sa première Humaine...
Elle est le premier chat campagnard qui est arrivé dans notre maison de ville s'apparentant à un appartement sur quatre niveaux, après avoir vécu en semi-liberté du temps de sa première maîtresse, quand elle avait, pour elle toute seule, tout un appentis attenant à la maison moderne de Louise qui avait délaissé sa grande ferme, de sorte qu'elle pouvait vadrouiller dans la nature et avoir gîte et couvert et jouir de sa liberté à l'envie ! Quand elle a intégré notre vie, elle s'est donc retrouvée partagée entre sa campagne, qui était pour nous secondaire, et notre maison de ville avec une petite cour pavée garnie de jardinières plantées par chacun des occupants, à partager avec les autres locataires ou copropriétaires.
Chipie et ses privilèges mise à part, nos autres chats de ville ont quand même vécu dans un environnement assez agréable.

Ce jardin privatif attenant à un grand appartement de plain pied que nous avions loué dans un petit hôtel particulier, à un trottoir de Paris, était un vrai bonheur pour nous et pour nos chats de l'époque : Misty, Zeb et Nimbusse. Dommage que la propriétaire, une artiste très bohème assez fauchée, qui avait hérité de ce bien, avait dû le vendre rapidement, on y était tellement bien, et j'avais mis tant d'énergie à défricher et nettoyer le jardin de fond en comble avant de le planter. Il avait été laissé dans un état d'abandon incroyable : avant notre arrivée, le buis, qui n'avait plus été taillé depuis belle lurette, s'étalait sur la moitié de la terrasse, les arbres s'enchevêtraient les uns dans les autres, la haie de lierre débordait de plus d'un mètre à l'intérieur comme à l'extérieur de la grille, menaçant d'emporter celle-ci si les troncs continuaient à grossir. Sans compter que le jardin lui-même servait quasiment de lieu d'aisance aux chiens des précédents locataires, rien que l'odeur me soulevait le cœur quand j'y allais. Son inconvénient était d'être au nord, ce qui rendait un peu ardu le choix des plantes à y placer, peu d'arbustes ou de fleurs supportant une ombre complète. Moi qui adore les roses, j'avais bien tenté des variétés grimpantes magnifiques, mais sans succès, certains ayant seulement daigné fleurir un peu au bout de trois ans de soins. J'ai dû aussi me réfréner dans ma passion pour les arbustes à fleurs, ceux que je rêvais d'avoir sous mes fenêtres ne supportant pas l'ombre. Mais il y avait quand même assez de fleurs et arbustes quand nous sommes partis : à part le prunier, le pommier, l'arbre de Judée, le laurier-sauce, le lilas, le seringa, le forthysia, les bambous et la glycine qui étaient d'origine, j'avais planté une dizaine de rosiers, des azalées du Japon, un solanum qui avait fini par couvrir tout le mur mitoyen de l'immeuble voisin, un rhododendron, des astilbes, des dicenthras, des clématites, un escallonia, des hortensias et, bien sûr, beaucoup de fleurs de bordure, des bulbes divers et variés, des primevères... Les voisins des étages supérieurs étaient ravis. Finalement, c'étaient eux qui en profitaient le plus, de leur balcon : à l'époque, à part y travailler, nous passions rarement de temps dans le jardin même, le nez toujours plongé dans nos bouquins professionnels ou nos feuilles à noircir. De mon bureau, je levais parfois le nez pour regarder mes fleurs, et mon plus grand bonheur était de voir Zeb sauter sur la rambarde de la fenêtre avec un gloussement joyeux avant d'atterrir en vol plané sur mes feuilles. Je faisais alors semblant de crier, c'était devenu un jeu entre lui et moi. Ce jardin est seulement à quelques mètres de notre petite maison de ville actuelle, mais je ne suis jamais retournée voir ce qu'il était advenu de toutes mes plantations qui commençaient à être adultes au bout de trois ans... Je pense que le nouveau propriétaire, une ponte du monde audiovisuel, a eu les moyens d'en faire quelque chose de magnifique...
 
Photos ci-dessus et ci-dessous : Zeb et Nimbusse dans leur jardin préféré, sauf que, au printemps, les fleurs de l'arbre de Judée qui tombaient collaient aux pattes !
Je n'ai pas trouvé de photo de Misty dans ce jardin. A l'époque, je n'avais pas encore de numérique, ma banque d'images étaient beaucoup moins fournie qu'aujourd'hui. Les photos ci-dessus ont été scannées d'après des argentiques... Un souvenir me revient : les trois chats avaient l'habitude d'y passer du temps ensemble dehors, en fin d'après-midi. A la nuit tombée, je frappais dans mes mains pour les faire rentrer par la porte-fenêtre, ce qu'ils faisaient aussitôt, se précipitant au galop à la queue-leu-leu comme s'ils avaient été dressés pour l'exercice. Appelez-moi Roselyn (et les lions) !!!
Ma passion des plantes s'était auparavant déchaînée sur un petit balcon parisien qui faisait aussi le bonheur des passants, qui me félicitaient souvent pour ce magnifique jardin suspendu ! La photo scannée de Misty, ci-dessous, avait été prise sur ledit balcon. Misty avait des yeux verts magnifiques, mais une toute petite queue de rat ! Elle n'avait pas bon caractère, mais sa vie - que je raconterai donc une autre fois - n'a pas été des plus heureuses. 
 
Ayant adopté Chipie à l'âge adulte, dans un environnement qu'elle connaissait bien, je n'avais aucune angoisse à la laisser sortir les premiers temps, quand la campagne était celle de son enfance : la ferme où elle vivait était restée longtemps inoccupée après le décès de Louise ; à côté de chez nous, d'une part, il y avait Yvonne, une mamie contemporaine de Louise, qui vivait avec son chien, c'était pour Chipie une personne familière, d'autre part, il y avait une veuve âgée aussi, impotente, qui vivait seule dans sa grande propriété, n'en sortant quasiment jamais, ce qui permettait à Chipie de vadrouiller sur son terrain toujours impeccable, sans souci d'être dérangée et relativement en sécurité puisqu'elle pouvait voir venir tout danger potentiel d'assez loin  ; le chemin qui borde nos maisons avait une fréquence de passage de randonneurs ou de cavaliers tout à fait acceptable en saison, tandis que l'hiver le rendait presque désert ; et, derrière notre deuxième maison, ce ne sont que champs qui descendent jusqu'à la mer, où paissent parfois les chevaux du poney-club. Chipie avait ses habitudes, je ne m'inquiétais jamais de la savoir dehors, dans ce milieu que, finalement, elle connaissait mieux que moi puisqu'elle y vivait alors à l'année, ce qui n'était pas mon cas. Mes préoccupations pour elle étaient ailleurs : allait-elle s'adapter à la vie parisienne, dans la maison de ville où j'avais déjà deux chats, Zeb et Nimbusse, beaucoup plus âgés qu'elle, tous les deux très sociables, certes, je ne m'en faisais pas sur la question de savoir s'ils allaient l'accepter ou non, mais plutôt sur la capacité de Chipie, chat unique, de vivre en leur compagnie. Après l'avoir laissée la première nuit et une journée entière dans la bibliothèque où j'avais mis sa litière et ses gamelles, pour qu'elle s'imprègne des odeurs de sa nouvelle maison, je l'avais portée dans son panier pour lui présenter les deux autres chats, cela s'était plutôt bien passé, elle n'avait pas eu peur d'eux, aucun n'avait craché, et quand j'avais ouvert la cage, elle en était sortie sans peur, tandis que Zeb en avait aussitôt profité pour y faire le coucou ! Après quelques hésitations, Chipie avait vite pris ses quartiers dans la maison. Elle était intriguée de voir passer Nimbusse, déjà aveugle, à côté d'elle sans la regarder ni même montrer quelque signe que ce soit de sa perception d'une présence inconnue.
Pour les sorties dans la cour, après les promenades surveillées des premiers jours, parce que, à l'époque, il y avait seulement un vieux portail métallique ajouré à mi-hauteur qui nous séparait de la rue, entouré de deux murets pas très hauts, tous ouvrages facilement accessibles en un bond pour un chat - d'ailleurs, ceux des voisins n'hésitaient pas à les escalader pour sortir dans la rue -, je l'ai rapidement laissée sur les traces des aînés qui étaient un bon exemple pour elle : Zeb se contentait d'une petite promenade matinale, parfois d'une courte sieste dans les jardinières quand il y avait du soleil, mais il rentrait rapidement nous retrouver. Quant à Nimbusse, aveugle donc les cinq dernières années de sa vie, elle continuait à aller prendre l'air sur le seuil de notre porte, s'aventurant parfois même dans la cour, autour de nos jardinières, se guidant juste avec son odorat... A l'instar de Zeb, qui, après notre déménagement du jardin paradisiaque décrit ci-dessus, n'avait jamais manifesté l'intention d'aller au-delà de la cour où il se sentait en sécurité, Chipie, qui a peur du bruit des voitures, n'a jamais émis la moindre velléité de dépasser le portail, même quand il était entrouvert par mégarde, pour aller explorer le monde extérieur.

 
Zeb prenant ses marques devant chez nous, dans un nouvel espace fraîchement décoré par bibi dans la limite de nos fenêtres sur cour !
Fini le jardin privatif, le paradis ! Ici, il faut partager avec les voisins, surtout avec l'impayable Moufti ! Heureusement que celui-ci a déménagé rapidement parce que le pipi de chat sur les plantes, ce n'est pas terrible, et jardiner avec les petits cadeaux qu'il déposait régulièrement dans mes jardinières non plus ! Mais j'ai plein de choses drôles à vous raconter sur lui, une prochaine fois, j'aimais bien son œil vif, son intelligence des situations, sa bonne humeur constante, ce qui est rare chez un chat et le rendait vraiment intéressant et attachant.
 
 
Quand Chipie est arrivée dans la cour, elle a commencé par observer tout ce que faisait Zeb...
 
 
... dont le grand plaisir était de faire la sieste dans cette jardinière, sous notre perron, dès qu'il y avait un rayon de soleil dehors !
 
 
Mais il ne restait jamais très longtemps à l'extérieur quand nous n'y étions pas, il jouait rarement avec les autres chats. A part manifester de l'intérêt pour Nimbusse, de son âge et adoptée presque en même temps que lui, je ne l'ai jamais vu donner un coup de langue à un autre chat... Il n'avait pas la sympathie de Misty, trop vieille et malade pour supporter sa turbulence de bébé infatigable. Du coup, il y avait toujours un front Zeb-Nimbusse contre Misty quand ils étaient tous un peu énervés, c'était parfois homérique, la maison était envahie de poils volant dans tous les sens, à tous les étages ! Zeb n'a jamais était agressif avec Chipie, mais il ne cherchait pas vraiment à jouer avec elle non plus. Je crois qu'elle avait un peu peur de lui car il était deux fois plus grand qu'elle et plutôt costaud, il ne se rendait pas compte de sa force quand il jouait ! De toute façon, il consacrait presque tout son temps à nous coller aux basques du matin au soir, il ne lui en restait pas énormément à passer avec ses congénères. C'était un chat qui dormait peu, vu qu'il se réglait sur notre rythme : toujours prêt à jouer à pas-d'heure, il débordait d'énergie. Parfois, ce qui nous faisait beaucoup rire, il jouait à perdre haleine, puis tombait comme une masse quel que soit l'endroit où il se trouvait, au milieu d'une pièce, mort de fatigue, pour se plonger dans un sommeil où on pouvait lui faire tout ce qu'on voulait sans qu'il ne réagisse !
 
Chipie, à sa première sortie dans la cour, monitorée par Zeb ! 
Ca fait maintenant presque neuf ans que Chipie vit ainsi, avec nous, partageant son temps entre la capitale et notre campagne au bord de la mer. On l'emmène partout, sans problème, puisqu'elle supporte bien la voiture, y circule librement, passant le plus clair du trajet sur mes genoux à roupiller, tandis que les deux autres, parisiens pure souche (nés, ayant vécu et étant décédés à Paris !), restaient à la maison, avec un cat-sitter qui venait s'en occuper une fois par jour.
Or, à la campagne, l'environnement a changé rapidement. Autour de nos pentys, les propriétés se sont vidées de décès en décès, le tout en l'espace de trois ans, puis les ferme et maisons ont été vendues, à des résidents secondaires. Comme Chipie l'a dit dans un précédent billet, même si l'occupation de ces bâtiments est occasionnelle, elle est maintenant source de tracas pour moi par rapport aux dangers nouveaux pour elle. Tous les occupants actuels ont de gros chiens, de grosses voitures ; à la ferme restaurée, même si nos voisins sont charmants et que nous nous fréquentons amicalement, il y a souvent ribambelle d'enfants, parfois plus d'une quinzaine, aux périodes de vacances, donc beaucoup de cris, de bruit divers et variés. Chipie a eu du mal à s'y habituer, elle a désormais un air toujours un peu affolé, les oreilles constamment aux aguets, l'œil parfois terrifié, quand elle fait une tentative dehors, pour revenir aussitôt, ventre à terre, monter quatre à quatre l'escalier et se réfugier au premier étage ! De fait, je ne sais plus ce qu'elle fait lors de ses sorties quand nous sommes dans nos petites maisons, et cela me chagrine, j'ai toujours peur qu'elle se fasse attraper par un des gros chiens voisins si elle s'aventure dans leurs jardins comme auparavant, sans méfiance... J'en fais des cauchemars ! Ils sont tellement silencieux, parfois... Mais je crois bien que Chipie les entend, les sent, mieux que moi ! C'est que j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux, à mes chats, tous autant qu'ils étaient ! Chipie étant la dernière survivante, elle subit donc cet assaut d'attentions, d'angoisse, bien que je la laisse totalement libre d'aller et venir, ce dont elle ne profite d'ailleurs pas plus que cela...
 
Chipie : "Avant, j'étais cool par ici, jamais peur, vu qu'il n'y avait plus personne dans les maisons, à part mes ILS, j'étais la reine des prés. Je prenais le temps de descendre MON chemin, de poser pour Colibri, je pouvais musarder à l'envie sans crainte...
  
... prendre le temps de révâsser au milieu des fleurs sauvages que Colibri interdit au jardinier d'enlever... Ah non, on ne touche pas aux ancolies, surtout les bleues, même moi je fais attention de ne pas les casser sinon gare à mes fesses...
 
 
... Oui, oui, de temps en temps, il y avait bien des chevaux qui se ramenaient, mais avec leurs gros sabots, j'avais le temps de les entendre arriver ; un randonneur qui descendait le chemin de fée, mais c'était bien rare hors saison... 
 
... maintenant, hou la la, je suis toujours sur le qui-vive, entre les chiens, les enfants, les motos cross, les VTT.... Vite, vite, aux abris !"
 
 
Chipie : "Ça y est, y a plus de danger ?"
 

J'aimais bien le côté champêtre du coin et ne pas clôturer notre terrain nous permettait de passer directement de chez nous à la mer en empruntant ce pré, avec Chipie sur les talons ! Elle s'arrêtait cependant au bout du champ, l'eau n'a pas l'air de l'attirer du tout ! Mais les chevaux traversaient notre fonds pour aller brouter dans le champ cultivé d'un paysan voisin, celui-ci n'était pas content ! On a donc pensé à une clôture un peu plus haute pour empêcher ces cavaleurs nés de commettre leurs méfaits, mais cela n'a pas suffi, ce qui nous a amenés à clore vraiment...
 
... cette fois-ci, à moins qu'ils ne soient vraiment les rois du steeple-chase, et ça se saurait, ces chevaux sont bien contenus dans leur champ à la satisfaction de notre voisin, mais on est obligés maintenant de faire un grand détour avant d'arriver à la mer...
 
 

Avant - Après.
Depuis qu'on a fait engazonner ce dernier terrain qui est maintenant régulièrement entretenu (adieu bleuets, coquelicots, sniff, mais aussi mues de vipères qui passaient régulièrement chez nous), Chipie y va rarement toute seule. Et même quand nous y sommes, elle ne galope plus vers nous, alors que, auparavant, elle n'hésitait pas à nous suivre même au-delà de notre propriété, jusqu'au champ voisin au bord de la mer...
 
Ce sont des images d'elle qu'on ne verra plus : elle ne s'aventure même plus du tout jusqu'à l'entrée du chemin creux où, auparavant, elle n'hésitait pas à galoper vers moi quand je revenais de mes cueillettes de mûres, de récolte de châtaignes... 
 
 
Tout a bougé très vite pour elle, son environnement a été chamboulé en peu de temps. Elle n'a pas aimé du tout nous voir démolir la grange qui limitait mon terrain sans en faire partie et dont le toit en tuiles commençait à s'effondrer. A l'époque de son adoption, ce deuxième fonds ne nous appartenait pas encore. Il m'était difficile d'entretenir mon jardin où les tuiles tombaient régulièrement, au grand bonheur de Chipie qui adorait faire la sieste dans le "hamac" de lierre ou carrément dans la grange où elle savait qu'on ne pouvait pas entrer pour l'attraper !
 
Finalement, nous avons eu l'occasion d'acheter ce deuxième ensemble, c'était l'idéal pour être tranquilles et ne pas avoir de voisin trop proche. Je préfère que Chipie se réfugie dans les jardins de cette dernière maison avant la mer, mais là aussi, il y a du changement : j'ai fait défricher, entretenir..., maintenant c'est un terrain découvert ; on a démoli le petit muret envahi de lierre qui séparait les deux fonds, la petite grange a été restaurée, tout est devenu hermétique, elle ne peut plus, en passant par un trou, s'y planquer pour faire la sieste, tranquillement, comme par le passé.
 
  
 
  
 
 
Chipie "Mais pourquoi vous voulez toujours faire place nette ? Je ne peux plus me planquer nulle part !"
Colibri : "Ben, ma Chipie, on t'aime beaucoup, mais se casser la figure dans les orties ou les racines d'artichaut pour passer d'un jardin à l'autre, faut avoir pitié de tes Humains ! C'est quand même plus pratique un escalier, je te l'assure !"
 
 
  
Et comme on va aussi dans une troisième maison, à cinq kilomètres de là, elle est un peu perdue entre ces lieux divers où on étale nos affaires, même si, comme tous les chats, elle a une faculté d'adaptation extraordinaire. De fait, je crois que cela l'amuse beaucoup d'avoir une nouvelle maison, de passer de l'une à l'autre, de reconnaître ses odeurs, ses coussins, que je trimbale partout pour qu'elle ait au moins un repère fixe. Elle prend vite les limites de sa sécurité et même lorsque celles-ci sont symboliques, comme les portails qu'elle peut passer sans efforts, une chose est sûre : elle n'aime pas les voitures, et ma seule hantise est que, poursuivant un oiseau ou autres bestioles de ses chasses, elle en oublie le passage. 
Elle aime bien découvrir de nouveaux espaces, et, finalement, sa seule véritable maison, c'est nous, en chair et en os, un mobil-home, que demander de plus pour un chat ! Nous savoir à proximité d'elle suffit à la rassurer...

 
Chipie : "Dedans, dehors, peu importe, pourvu que je puisse faire la sieste tranquillou !"
 
 

lundi 17 mars 2014

scénario fictif

 
COLIBRI : "Ma chipie, je ne suis pas sûre que l'agent verbalisateur aurait eu assez d'humour pour accepter ton scénario ! On partira donc un autre jour, sauf que je suis furieuse, ton IL devra prendre le train demain pour un RV professionnel prévu de longue date en Bretagne. Ce n'était pas tant pour le PV, depuis qu'ils nous rackettent régulièrement pour 112km au lieu de 110, on n'est pas à ça près ! Mais on devait partir tous les trois aujourd'hui pour notre Bretagne ! Du coup, notre IL chéri à toutes les deux va se farcir le train et une nuit d'hôtel tout seul et à seulement quelques dizaines de kilomètres de nos maisons ! Aaargh... Mais, tu comprends, on n'a pas voulu perdre du temps à charger la voiture pour se voir renvoyés dans nos pénates "au cas où", puisqu'à la préfecture ils ne savaient pas quelles étaient les consignes exactes alors que j'ai passé un quart d'heure à leur expliquer que je n'allais pas "rouler dans" mais devais seulement monter dans la voiture et rejoindre à un kilomètre la bretelle d'autoroute pour "aller vers"... Cela dépendra du "discernement de l'agent" m'a-t-on dit. Alors là, ouaf, ouaf, ouaf, je préfère ne prendre aucun risque, parce que sous le képi, hi, hi, euh... j'ai déjà donné plusieurs fois du genre "grand moustachu je ne veux rien savoir !"... Bon, allez, j'ai trop de travail, avec toutes ces c..., rien n'avance chez moi, je m'énerve, je m'énerve... C'est rare que j'ai envie de voir avancer le temps, mais vivement dans trois, six mois, qu'on ait fini toutes ces tracasseries administratives que je cumule et qui n'avancent pas beaucoup faute d'interlocuteurs intelligents au bout du fil !