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samedi 27 mars 2010

chipie la bretonne (1)

Colibri : "Mais non, Bubul, ce n'est pas une histoire triste, enfin, pas trop triste, puisqu'elle se termine bien !
Il était une fois une belle et grande ferme au bord de la mer, où vivait mamie Louise, la meilleure personne que j'aie jamais rencontrée dans ma vie : toujours d'humeur égale, jamais à se plaindre, jamais à dire ne serait-ce qu'à demi-mots une mauvaise chose sur quelqu'un, toujours à trouver une bonne raison à un comportement apparemment répréhensible des autres, à trouver des excuses à tous..., Louise qui a eu une vie tellement difficile, pas matériellement parlant puisqu'elle possédait beaucoup, mais ayant dû faire face à tant de difficultés humaines dans une Bretagne rurale où les clans sont encore très présents, les haines familiales parfois incompréhensibles pour des étrangers au pays, à tel point que deux frères se croisant avec leurs tracteurs détournent le regard pour n'avoir pas à se "rencontrer", où, à table, le silence pèse, à entendre les mouches voler, entre famille du clan et pièces rapportées... C'était hier, c'est encore presque aujourd'hui...
Dans cette grande ferme visait donc Louise, depuis longtemps veuve. Même si elle avait abandonné toute exploitation pour se réfugier dans la petite maison de construction récente plus confortable, elle allait souvent s'occuper à aérer la grande bâtisse, tailler ses vieux rosiers. Lorsque Oli et moi avions acheté nos pentys, j'étais allée la voir pour me présenter, tout de suite un courant de sympathie est passé entre nous. Petit à petit, Louise, qui n'était pourtant pas très liante à l'image de beaucoup de personnes du pays, avait commencé à me raconter un peu sa vie, celle du village, les "histoires", de quoi écrire tout un bouquin, passionnant. Quand on sait qu'à l'origine trois familles seulement possédaient toutes les terres de la région, on peut imaginer un peu l'ambiance très confinée de cette communauté où doivent sourdre les plus terribles secrets, frustrations ou autres sentiments peu avouables... Louise n'était plus en très bonne santé lors de notre rencontre, mais elle ne se plaignait jamais et n'en avait rien laissé paraître. Elle était sensible au fait de nous voir défricher nous-mêmes nos jardins si longtemps abandonnés qu'ils en étaient devenus quasiment des "dépotoirs". Quand trois ans après notre achat, ils avaient repris vie, tout le monde au village était content, on avait ainsi gagné notre "droit" d'être de la communauté... presque. Feue Anne - disparue trop jeune, aujourd'hui aussi, à cause de ce sale crabe - une femme de mon âge devenue mon amie, disait en riant "on ne les adopte pas tous, mais quand on les a adoptés, ils sont chez eux !"... Quelquefois, pendant que nous jardinions, Louise, qui savait qu'on s'activait sans relâche car on ne restait pas longtemps, descendait jusqu'à notre maison pour nous apporter des crêpes qu'elle venait de faire, toutes chaudes, délicieuses... Puis elle repartait aussitôt, pour ne pas nous interrompre dans notre tâche en sachant que le temps nous était compté avant de repartir sur Paris.
Un jour, en passant devant son potager où elle était en train de soigner ses légumes, je vis un petit chat qu'elle m'a présentée comme étant Chipie, la coquine, Chipie qui la suivait partout, qui miaulait dans la haie quand elle nous entendait parler..., qui a vécu comme une princesse sur les terres de Louise, telle Scarlett sur Tara, ses terres rouges !!! Je m'amusais un peu avec elle de temps en temps. Elle avait un grenier pour elle toute seule, allait et venait comme elle voulait, toujours gâtée par sa maîtresse qui se plaignait de ses affreux prétendants, des écaille-de-tortue, ou vilains matous noirs tout pelés !!!
Puis, un autre jour, brusquement, deux ans plus tard, je reçus un coup de fil à Paris, m'annonçant le décès de Louise, emportée en un mois par un cancer qu'elle couvait dépuis si longtemps sans que le "médecin de famille" ne l'eût décelé... "Ainsi va la vie", comme ils disent là-bas...
Après l'enterrement de Louise, Chipie s'était retrouvée dans la nature, sans maison. Nos voisins parisiens nous racontaient qu'elle venait quelquefois miauler sur leur mur quand elle entendait leur voiture arriver le week-end, mais ils avaient un chien...La première fois que nous l'avions revue, elle avait beaucoup maigri. C'est vrai que nous étions beaucoup plus irréguliers dans nos déplacements que les autres parisiens.
Chipie était devenue peureuse, elle nous observait de loin quand on arrivait. Puis, une après-midi, au milieu du mois d'octobre, alors que je taillais la haie de prunelliers de la ferme de Louise qui débordait trop sur le chemin, perchée sur mon escabeau, j'ai "senti" un regard dans mon dos... En levant le regard au loin, j'ai aperçu Chipie sur le transformateur, en train de m'observer. Elle avait l'air tellement accablée. Je l'ai appelée doucement, elle me connaissait un peu, et alors qu'elle n'hésitait pas à jouer avec moi auparavant, la disparition de Louise l'avait perturbée et elle est devenue craintive. Je suis rentrée aussitôt dans la maison, j'ai rempli une gamelle, je la lui ai montrée de loin, puis je l'ai posée sur le rebord d'une fenêtre, et je suis partie dans ma maison en laissant ma porte ouverte. Quelques minutes plus tard, Chipie était en train de dévorer la nourriture. Puis elle a fait sa toilette, s'est attardée dans la cour, a regardé la maison. Je l'ai alors appelée, elle ne s'est pas sauvée. J'ai laissé ma porte ouverte toute la journée et, le soir, elle est arrivée l'air de rien, s'est installée sur une chaise et n'a plus bougé. Elle avait l'air tellement triste. Je n'ai jamais vu autant d'expressions sur un minois de chat en si peu de temps ! Voici les photos de sa première journée chez nous, en Bretagne.




Je crois qu'elle a tout de suite aimé la maison, et notre voix... Pendant tout le séjour, elle est restée chez nous. Mais, au moment de partir, on ne savait pas trop quoi faire. Les "héritiers" n'avaient pas encore décidé de son sort, tous ayant plutôt des chiens, et de chasse en plus, les chats n'étant pas trop la tasse de thé ici... J'avais dit à Henri, le gendre de Louise qui venait de temps en temps tondre le gazon et entretenir les abords de la ferme, que j'étais prête à l'adopter s'il ne trouvait pas une solution. Il avait dit qu'ils allaient y réfléchir. Pour eux, cela n'avait pas vraiment un caractère d'urgence, un chat pouvant très bien survivre dans la nature.
Lorsque Chipie nous a vu faire les bagages, elle a commencé à s'interroger. Nous sommes allés voir Yvonne, la mamie voisine, pour lui laisser de la nourriture pour le chat. Elle aussi, elle avait un chien, sinon elle aurait bien pris Chipie qui venait de temps en temps dans son jardin pendant que les deux mamies discutaient entre elles. Louise, propriétaire terrienne, et Yvonne, d'extraction beaucoup plus déshéritée, sans être du même milieu, se vouaient un grand respect et une affection certaine même non apparente.
Au moment où, après avoir fermé la maison, nous sommes montés dans la voiture en laissant Chipie dans le jardin, celle-ci a compris, je crois, qu'on allait l'abandonner. La panique l'a saisie, elle a couru sur ses petites pattes derrière la voiture, je la revois toujours, les oreilles dépassant de l'herbe haute, le regard affolé, puis, comme c'est souvent une réaction normale, elle s'est accroupie dans l'herbe pour faire un gros besoin... Cela nous a fendu le coeur, je suis partie la mort dans l'âme, les larmes aux yeux, qui s'élargissaient au fur et à mesure qu'elle disparaissait dans mon rétroviseur...
Quinze jours plus tard, je voulais savoir ce qu'elle était devenue, nous sommes retournés là-bas, et aussitôt, on l'a vue arriver, un peu amaigrie mais contente de nous voir. J'ai reposé la question à Henri, croisé dans le village, et, tandis que, trois jours plus tard, nous nous apprêtions à repartir, celui-ci est venu pour nous dire "Si vous voulez emmener la chatte avec vous, on est d'accord". Voilà, comment, depuis ce triste mois de novembre 2005, Chipie est entrée dans notre vie pour de bon, pour notre grand bonheur..." -
Bon Zeb, c'est pas tout, mais il faut je fasse les valoches. Suite au prochain épisode !
A LA MEMOIRE DE LOUISE
dont la dernière image, celle où elle remonte péniblement le chemin après nous avoir apporté des crêpes, Chipie sur les talons jouant gaiement avec sa canne, reste gravée à jamais dans ma tête...
 
Bou, bou, c'est triste, tu vois bien, Colibri...
Colibri : "La tronche du Chat, le matin, il est pire que moi !!!"

lundi 8 mars 2010

gla gla !

Gla gla, les potes, vous ne trouvez pas qu'il fait froid aujourd'hui ? Brrrr... J'ai trouvé une super planque bien chaude pour passer la journée... Salut les copains, à la prochaine, je pense que vous faites tous comme moi, yaka roupiller en attendant le dégel !

COLIBRI : "Zébulon, arrête de ronfler, tu me déconcentres !!!. C'est incroyable ce qu'il ronfle fort ce chat, et c'est pratique, j'vous jure, pour travailler !!!"