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jeudi 4 août 2011

les caprices de chipie

Poulopry n'est pas Tara, mais quand Chipie est en Bretagne, elle se la joue vraiment façon miss Scarlett sur ses terres, et moi, je m'entraîne à avoir la patience de Rhett ! Sauf que, de terres, elle n'en a point hérité, il ne faut pas rêver : dans cette France presque profonde où les traditions sont bien ancrées, les moeurs encore claniques, où la terre est un bien béni des dieux qu'on acquiert à la sueur de son front, qu'il faut mériter et, surtout, garder et fructifier avant de transmettre, vous pensez bien qu'on est loin des fantaisies états-uniennes où léguer sa fortune à un animal est des plus fréquent... On lui dit toujours, en rigolant : "Vraiment, Chipie, quand je pense que, sur son lit de mort, Louise ne pensait qu'à toi, à ce que tu deviendrais, tu aurais dû lui suggérer de te laisser au moins un champ, celui qui est à côté de nos cabanons, pour gambader tranquille, sans avoir peur d'être surprise par un chien, des chiens que, inévitablement, les nouveaux propriétaires auront ; ici, tout le monde a des chiens, de chasse de préférence...".
En dix ans, l'environnement a beaucoup changé. Avec le décès des anciens, autour de nos maisons, Chipie ne retrouve plus ses marques, dans cet endroit où elle a vécu plus d'un an avant que nous l'adoptions. Tout appartenait alors à Louise, qui habitait sa maison moderne, après avoir délaissé sa grande ferme qu'elle allait aérer de temps en temps, avec Chipie sur les talons. Maintenant la ferme a été achetée par des parisiens comme résidence secondaire, tout a été complètement clôturé (un prochain sujet !), ils ont deux labradors et une ribambelle de gamins (six !), la maison de Louise a été transformée en gîte. Notre voisinage côté route de la grève a aussi changé : la doyenne Yvonne, que j'ai encore connue vaillante, à tailler ses haies énergiquement et à cultiver son grand potager à plus de 80 ans, est désormais dans un foyer pour personnes âgées ; le couple de parisiens qui venait régulièrement depuis presque vingt ans, a fini par baisser les bras, las et amers de n'avoir points été "acceptés" ici, ils s'en sont allés voir si l'herbe était plus verte en... Corse (un prochain sujet aussi !), et l'impotente Mme Q. est aussi décédée, sa maison a été achetée par des allemands qui n'y viennent guère que deux fois par an, mais il suffit que nous y soyons en même temps pour que la vie de Chipie en soit perturbée : ils ont deux gros chiens, avec de très grosses voix, la première fois que le chat les a entendues, il est rentré ventre à terre et n'est plus ressorti de la journée  !!! Entre les chevaux qui empruntent souvent le chemin de randonnée qui longent nos maisons, les chiens des parisiens, ceux des allemands, sans compter ceux du village et ceux des promeneurs occasionnels, parfois, lorsqu'il fait beau, la pauvre Chipie n'ose plus mettre le nez dehors, je la trouve un peu tristoune depuis quelque temps, elle passe son temps à songer à je ne sais quoi avec son air très expressif, et même si la fenêtre ou les portes sont ouvertes, elle reste souvent dans la maison... 
La dernière fois, pas de chance, on était quasiment tout seuls, mais il a plu tout le temps, je ne lui ai pas dit que ça m'arrangeait un peu, car ses griffes n'avaient pas encore complètement repoussé, j'avais peur qu'elle joue les casse-cou sur les arbres ! Cela ne l'a pas empêchée de grimper sur les toits quand même, elle a pris pour mauvaise habitude, comme un jeu, de rentrer par la fenêtre du haut, même quand les portes sont grandes ouvertes en bas !

Ah, un petit rayon, je vais pouvoir me prélasser un peu sur mon toit préféré...

... mince, quelques gouttes, ça se couvre à nouveau...

Bah alors, ils ont fermé le vasistas...
 
Comment je vais faire, moi ?
Hou la la, c'est un peu raide comme ça... Et mouillé, en plus...
  
Bon, va falloir changer de stratégie...
  
COLIBRI : "Chipie, arrêt de faire l'andouille, n'oublie pas que tu n'as pas tes griffes !
Et je te signale que tout est ouvert en bas, exprès pour toi, pendant qu'on caille !

  

Pffff, c'est fatigant de refaire le tour, de sauter,
avec la flotte qui recommence à tomber !

Tiens, y a personne... Ils sont où ?...

Alors, quelqu'un vient m'ouvrir ???
COLIBRI : "Chipie, il faut toujours que tu profites de la gentillesse du
grand blond ! Mais, si ça continue, il faudra que ça cesse, hein !"