Membres

mardi 19 juillet 2022

annus horribilis

Au revoir les amis !

S'il est une année dont je me souviendrai avec tristesse, ce sera bien 2022, celle qui aura vu disparaître de ma vie, en l'espace de quatre mois à peine, deux êtres qui m'étaient si chers ces dernières années que, le temps passant, je m'étais installée dans une espèce de bonheur béat, même pendant la crise sanitaire dont franchement, nous n'avons pas eu à nous plaindre ici, dans ma Bretagne où la Covid.19 a mis du temps avant d'arriver. Entre-temps,, elle nous a bien rattrapés comme partout.

Depuis deux ans, Chipie avait commencé à décliner sans maladie précise. Le vétérinaire ne lui avait rien trouvé de particulier, alors qu'elle avait commencé à miauler bizarrement en mars 2020. Les analyses n'avaient pas été concluantes non plus, on supputait un problème rénal mais là aussi, les tests n'ont pas confirmé. Elle continuait à mener sa vie à son rythme habituel, avec sa promenade matinale en compagnie de Tino.

Or, en mars dernier, après la disparition prématurée de son maître chéri, elle était devenue plus maussade, se rapprochant nerveusement de moi timidement comme elle le faisait à chacune de ses absences prolongées. Cette fois-ci, l'absence n'était pas prolongée, mais définitive. Et les chats l'avaient bien compris même si j'essayais de ne pas leur montrer mon chagrin. Ils se pelotonnaient sur le lit dès que je montais me coucher, et ils restaient avec moi ainsi (bonjour les crampes au lever !) jusqu'au matin, attendant impatiemment que je me lève. Chipie venait brailler autoritairement dans mes oreilles tandis que Tino, plus placide et philosophe, se contentait de marcher sur mon ventre une fois et de me donner un coup de tête à me casser les dents, puis d'aller se recoucher à mes pieds.

Souvent ces temps-ci, je manquais de sérénité, plongée dans mes pensées dont leurs miaulements me distrayaient, me perturbaient dans ma concentration sur des choses graves. Je criais parfois "arrêtez, les mioches, vous m'énervez !". Si les voisins m'entendaient, ils devaient s'étonner de savoir qu'il y avait des gamins à la maison, par quel miracle, tout d'un coup ?!

A peine installés dans notre vie à trois, dans un rythme totalement anarchique, que Chipie me donne aussitôt des signes d'inquiétude sur sa santé. Ces deux dernières semaines m'ont placée dans un dilemme qu'on ne souhaite à personne. A presque 20 ans, elle n'a pas de problème d'audition ni de vue, est restée propre alors que la maison est grande et qu'il faut qu'elle anticipe pour aller dans sa litière, alors que son arrière-train commençait à lui poser des problèmes pour monter ou descendre les escaliers. Que penser ? Souffre-t-elle, mérite-t-elle de terminer sa vie dans la déchéance alors qu'elle l'a eue si belle, entourée de notre amour qu'elle nous rendait bien ? Je reculais le moment de prendre vraiment une décision.

Je guettais ses réactions quand je la sentais un peu apathique. Il m'est arrivé d'aller vérifier qu'elle respirait encore quand je ne la voyais même pas réagir à mon approche quand elle dormait profondément. Mais elle faisait sa toilette normalement, ronronnait encore quand je la caressais, miaulait pour rouspéter quand Tino l'ennuyait, elle jouait encore à cache-cache avec lui, mais il était devenu un peu agressif avec elle sur les derniers jours, et elle préférait l'éviter. Quelquefois, elle restait statique pendant des minutes entières, le regard fixe planant on ne sait où exactement.

Chipie plongée dans ses rêves

Le soupçon de problèmes rénaux détectés il y a deux ans sans confirmation semblait se dessinait avec plus de certitude. Mais quel appétit, ma Chipie ! Elle était devenue obsédée par la nourriture, réclamant sans cesse quoi que ce soit que je préparais à la cuisine, à n'importe quelle heure, mangeait de tout avec avidité. Elle avalait... pour aller vomir aussitôt. Puis vint la soif inextinguible, elle s'abreuvait partout dans la maison, jusque dans la baignoire, les seaux de ménage, elle devenait hystérique dès qu'elle voyant un contenant avec ou sans eau, plongeant sa tête dedans systématiquement ! Et je ne parle pas de sa litière, imprégnée dès qu'on la changeait, ce qui n'arrangeait pas Tino, le niflet qui ne savait plus comment s'y installer ! Il fallait que je surveille tout le monde pour que la maison reste propre. Heureusement qu'ils sont sympas, mes chats, jamais une bêtise de ce genre.

Or, depuis une semaine, Chipie prenait une position un peu bizarre qui m'inquiétait, je guettais ses mouvements dès qu'elle s'asseyait et je me suis aperçue qu'elle avait du mal dans ses mictions quand elle allait dans sa litière. Et il y a deux jours, elle avait du sang dans les urines.

Hier, je l'ai aussitôt emmenée chez le véto sans rendez-vous, en le prévenant par SMS que j'arrivais et que je souhaitais qu'il s'occupe d'elle car elle était en fin de vie. Ce fut fait, très rapidement, il m'avait confirmé que c'était la meilleure solution, qu'on pouvait la prolonger quelques mois mais qu'elle était atteinte par les reins indéniablement. Sans compter qu'elle avait perdu plus de deux kilos en à peine un mois... Ma replète Chipie était devenue presque éthique, on sentait ses côtes, ses vertèbres, je n'osais même plus la caresser, de peur de lui faire mal. Et elle perdait tellement de poils que je me suis demandée comment il pouvait lui en rester sur le dos...

Chipie poids plume à la fin de sa vie

Sur la table d'opération, je suis restée avec elle, elle n'a pas protesté à la première piqûre pour l'endormir un peu, tombant en léthargie très rapidement. Puis, à la deuxième piqûre, son coeur avait lâché très vite. J'étais soulagée, j'avais peur qu'elle résiste comme cela m'était arrivée avec Misty qui, elle, avait mis une éternité avant que son coeur s'arrête sous l'oeil inquiet de mon véto de l'époque qui essayait de me rassurer en me disant que c'était juste un réflexe qu'elle ouvrît la gueule toutes les secondes pendant plus de trois minutes !

J'attends de récupérer l'urne de Chipie, elle rejoindra dans mon bureau ses illustres prédécesseurs. On ne se résolvait pas à disperser les cendres ni à enterrer les urnes dans ce jardin qu'on pensait être notre dernier... On avait raison, je ne sais pas moi-même où je serai demain, à ce tournant de ma vie que je n'aurais jamais imaginé possible si tôt...

Hier soir, la maison était bien silencieuse, plus de cavalcade dans les escaliers, plus de gueulante de ma part contre ces chenapans qui me bousculent toute la journée... Tino me regardait les yeux interrogateurs toutes les cinq minutes, il a inspecté la maison plusieurs fois après mon retour de chez le vétérinaire. Puis, toujours aussi philosophe, il s'est installé sur sa chaise préférée, à regarder dehors comme s'il guettait la silhouette de son maître dans l'allée du jardin, ou la dégaine de débardeur des halles de Chipie du temps où elle était bien costaude...


4 commentaires:

  1. I am so sorry for your loss of Chipie. You mention two losses. I assume the other is your husband? I am truly sorry and send my heartfelt condolences. I hope Tino can offer you some comfort.

    RépondreSupprimer
  2. Yes Jackie, I am a recent and young widow. Two losses in four months, it's hard to live. But, of course, I have my so dear and tender Tino left, HE is so closed to me, like a human being...
    Thank you for your condolences, they also comfort me because our virtual friendship is a very beautiful thing in the... real life. I admire you for having continued your blog so diligently after the losses of your two dear boys, Eric and Flynn.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. I am so very sorry to hear that. It is hard to lose someone you love at any age, but so much more painful when you are young. My mother was 25 when my father died. I was very young so don't remember him well, but know how much pain it gave her. I wish you well.

      Supprimer
  3. Encore désolée pour toi de cette perte. Te lire m’a rappelé de bien tristes souvenirs….Babeth de Lille

    RépondreSupprimer