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dimanche 23 février 2014

ma vie comme en prison (en très grand différé !)

Billet rédigé par Chipie en aout-septembre 2013

Ah, j'aimerais bien, moi, avoir une Humaine comme SACHA, qui fait confiance, c'est la moindre des choses, à ses adorables têtes poilues, pas comme ma ELLE qui doute de notre intelligence suprême, certes souvent dictée par les gargouillements de notre estomac, quand ce n'est pas par notre peur de voir disparaître notre foyer douillet si on tarde trop à rentrer après une belle virée dans la campagne, ou simplement par trouille du noir, car, vous le savez, le chat qui voit dans le noir, c'est un mythe ! Bref, Sacha qui n'avait pas hésité à ouvrir la porte à ses galopins le premier jour d'un emménagement, après quelques mille kilomètres de voiture, dans un lieu complètement inconnu d'eux ! Même pas peur, la douce Sacha, de ne pas les voir revenir, elle avait confiance et son amour pour eux était plus fort, elle n'est pas égoïste, elle...Moi, j'ai beau braillé tout ce que je peux, j'entends toujours la même réponse "Chipie, il faut d'abord que tu t'habitues à la maison avant de sortir, sinon, tu vas te perdre et tu ne retrouveras pas ton chemin pour rentrer !". Quoi, quoi, ELLE n'a jamais entendu parler de mes fantastiques congénères qui font des milliers de kilomètres pour retrouver leur mais... euh, leur maître adoré ? Pfff... Même si les anglais se sont évertués à prétendre, à grand renfort de caméras planquées ou autre technologie de vidéosurveillance dont ils sont très friands, qu'on ne s'éloigne jamais trop de notre gamelle, ainsi que vous pouvez le voir ICI ou sur le net en recherchant toute la communication publiée par la BBC à propos de "The secret life of the (domestic) cat", en lisant par exemple cet article de presse, tout cela la laisse sceptique. Voilà, je le disais, ma ELLE ne me fait pas confiance, par peur de me perdre, donc par égoïsme ! Râââ... ELLE devrait pourtant savoir que, dans MA Bretagne, où j'ai déjà vécu comme une SDF dans la nature au moins deux mois avant de la trouver sur mon chemin (à 150 m à la ronde de mon ancienne maison, eh oui, ils ont un peu raison, ces anglais de la BBC !), où je suis la championne de la course à pattes quand je renifle un chien dans les parages, la championne de l'escalade sur les talus quand j'entends les sabots d'un cheval, et même la championne des trapézistes sur des grillages quand je soupçonne des randonneurs au loin et que je n'ai pas de repli immédiat vers ma maison...
ELLE : "Oui, mais ce n'est pas la même maison, ma Chipie, là-bas, on est tout seul avec seulement des champs autour de nous ou des maisons secondaires vides, ici il y a de l'activité toute la journée, des gens qui travaillent, des chiens, des chats, partout... La maison a une clôture mais celle-ci est juste symbolique (j'avais demandé au propriétaire de clôturer avant de louer, mais il a mis un grillage de base quand je pensais à quelque chose de plus costaud et, surtout de plus plus haut...) pour délimiter TON futur territoire, afin que tu n'ailles pas chez les voisins, qui, eux, vivent toute l'année ici... On n'est pas encore chez nous, ma Chipie... Il faudra que tu te fasses accepter tout doucement...".
CHIPIE : "Parle pour toi, moi je suis bretonne, née et vaccinée ici, enfin presque, dans le village d'à-côté..."
ELLE : "Qu'est-ce que je te disais, tu n'es pas d'ici ! Ce sont les gens de ton propre village qui disent que tous ceux qui n'y sont pas nés sont des... étrangers !"
CHIPIE ! "Hi, toi, c'est normal, avec tes yeux bridés..."
ELLE : "Mais, non, ma Chipie, même ton oncle Henri (c'est le gendre de feue mamie Louise, l'ancienne Humaine de Chipie) qui habite à Mi-Ville, ils disent tous qu'il n'est pas d'ici, hi...".
Qu'est-ce qu'ELLE m'énerve, toujours à ergoter, à chercher à avoir le dernier mot. La dernière fois, en mars, ELLE m'avait dit :"Tu ne sors pas, parce qu'il neige", alors qu'à Paris, dès qu'il neige elle me pousse dehors rien que pour me prendre en photo parce que c'est rigolo de me voir me débattre dans cette mélasse blanche ! Ils n'auraient pas l'esprit tordu, ces Humains, par hasard ? Soit, admettons, pour les besoins de la discussion comme on dit dans son jargon professionnel, que c'est une raison plausible. Mais aujourd'hui, hein, il n'y a rien qui m'empêche de sortir, entre deux coups de vent ou deux averses, il y a bien un peu de soleil, bon sang de bois, dans cette fichue presqu'île sauvage !
ELLE : "Mais quand il fait beau, le chantier naval reprend son activité, c'est dangereux, il y le gros chien de Guy, pleins de voiture qui passent, des bateaux dans lesquels tu pourrais grimper et te faire enfermer pour des jours et des jours, qui sait, on pourrait t'embarquer ensuite pour je ne sais quelle destination lointaine et je ne reverrai jamais !"
(ce grand costaud s'avérera être Joli-Cœur !)
 
CHIPIE : "Oh, faire le tour du monde, j'aimerais bien... En attenant, je sors quand, moi, je n'en peux plus de rester derrière la vitre à regarder passer les chats, les chiens, les gens, les camions, les voitures... Tiens, même un cheval !"
Et pendant ce temps-là ? Conciliabule dans les couloirs, chuchotements dans la chambre. Je crois deviner que ma ELLE est très malheureuse de me savoir malheureuse (merci, merci, Colibri, tu es moins égoïste que je ne le pensais !), que c'est LUI, pour qui je suis la prunelle des yeux (quand je suis arrivée dans la maison, ELLE ne voyait que par son ZEB, c'est LUI qui s'est plus occupé de moi...), qui a peur de me perdre, LUI qui est venu très tard à notre gente (il ne sait pas ce qu'il a perdu entre-temps !), et qui, maintenant, ne concevrait plus sa vie sans chats, c'est LUI qui a peur que je me perde et qui ne veut pas me faire confiance, lui qui doute de tout, même de son ombre ! Après une petite dispute où j'entends, "¨Râââ, tu manques vraiment de psychologie, depuis le temps que tu vis avec des chats, maintenant, tu devrais les avoir compris... C'est comme avec les femmes... depuis le temps, tu ne sais toujours pas comment je fonctionne !". Oh la la, ILS n'ont pas fait d'enfants pour ne pas se disputer à leur sujet, mais ILS se disputent à cause de moi, Le Chat, on est forts,  hein ?!! En tout cas, fin du débat ! Je vois Colibri arriver sur moi, l'air très décidée : "Bon, ma Chipie, je te fais confiance, hein, je te laisse sortir mais tu restes là, tu ne vas pas trop loin pour le premier jour, d'accord ?".

Comment donc, bien sûr d'accord pour sortir, pour le reste, cause toujours, hi, hi ! Euh, c'est qu'elle n'est pas si bête, la Colibri, elle me connaît bien, finalement. ELLE devait être chat dans une vie antérieure ! Je fanfaronne, je fanfaronne, mais à peine la porte ouverte, qu'entends-je ? Vroom, un gros camion qui rase la barrière ! Puis, un 4x4 qui rase le grillage avec, en remorque, un bateau. Euh, t'es toujours là, hein Colibri, tu me protèges, dis ? A peine remise de ma première émotion, que voilà le chien de Guy, un grand labrador se pointe vers le grillage, tout sage, assis sur son derrière à me regarder sans aboyer, à me guetter certainement pour me sauter dessus dès que je dépasserai les limites de MON grillage ! Mais moi, les chiens, je ne suis pas copine avec depuis que Coant, celui de mamie Yvonne, n'arrêtait pas d'aboyer tandis que je le provoquais du haut du talus où ma mamie Louise discutait avec sa copine... Je n'avais pas intérêt à tomber dans sa gueule de Coant, le féroce ! Quant à ce labrador qui court partout, dans les jardins voisins, à faire des dégâts partout à ce qu'en disent les voisins, ce doit être un tueur de chats ! Mais pourquoi on habite ici maintenant, il faudra qu'ELLE me l'explique un jour, j'étais si bien dans nos jardins un peu plus loin, pourquoi ils ne m'y emmènent plus ? Encore un mystère à éclaircir...
Ma vie est une vraie prison, ici. Quand j'ai le droit de sortir, c'est avec une geôlière sur les talons, à me surveiller de près. "Non, on ne fait pas ci, on ne fait pas ça..., non, pas par ici, pas par là...". Arrrrgh, je n'en peux plus, allez, je rentre me coucher ! Je verrai demain, la nuit porte conseil !


ELLE, en aparté"Finalement, après trois jours de surveillance étroite, j'ai laissé Chipie vivre sa vie. Elle a pris ses marques, bien observé les alentours, avant de s'élancer au-delà des limites de notre maison dont les limites sont symboliques dès lors qu'elle peut, d'un saut, être en dehors du grillage, de nos rochers, et se retrouver directement sur la route ou dans les jardins voisins, mais elle est méfiante, et c'est tant mieux : je sais qu'elle a peur des voitures, elle ne s'aventure pas sur la chaussée circulante qui longe nos portails et elle se réfugie plus volontiers vers l'arrière du terrain où le hangar à bateaux et le terrain vague qui l'entoure sont de vastes terrains d'exploration, de planque, pour les chats, j'en ai aperçu quelques-uns. Le seul danger à cet endroit-là, ce sont les chiens de passage, il y en a qui sont habitués et copains avec les chats, mais il y en a d'autres qui ont plutôt l'air de chiens de chasse que leurs maîtres laissent vadrouiller en liberté. Mais Chipie a un sixième sens pour les "sentir". De toute façon, j'ai remarqué qu'elle aime humer d'où vient le vent avant de s'aventurer au dehors : elle passe un temps fou le nez en l'air, les narines en alerte, avant de se jeter à l'extérieur, et parfois, elle y renonce même... Elle ne disparaît jamais trop longtemps, pour l'instant, et, à part quelques petites excursions rapides sur les talus voisins, d'où elle revient souvent ventre à terre, je ne l'ai guère vue aller très loin... Pourvu que ça dure, j'avoue que je  m'inquiète quand même un peu beaucoup à cause de la route qui passe à côté...".

 
"Personne à droite, personne au milieu, personne à gauche... Ouf, allons-y, va falloir la gérer, cette liberté que j'ai réclamée à cor et à cris..., sinon, j'aurais l'air de quoi, hein ?" "
 
 
 
 
 
 
ADDENDUM - 24 FEVRIER 2014
 
Depuis la rédaction, début septembre dernier, de ce billet dont la publication a été retardée pour je ne sais quelle raison, Chipie jouit maintenant d'une liberté totale, elle n'a plus peur de s'aventurer, tout en prenant consciencieusement ses nouvelles marques ; elle reste cependant très attachée à sa maison, et, sauf exception, ne s'en éloigne jamais longtemps... La plupart du temps, elle rêvasse au fond du jardin sur son rocher face à la mer, ou je la trouve sur l'escalier, guettant sans doute Joli-Cœur. Parfois, alors que je la crois dehors, elle est... sous la couverture de notre lit, en train de roupiller !

4 commentaires:

  1. mais alors ma Chipie est- ce que a vu joli-coeur?

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    1. Vu, oui, Paola, car ce billet a été rédigé début septembre dernier. On ne savait pas à l'époque que ce grand costaud était... Joli-Cœur, car, entre mai, où on l'avait vu pour la première fois, et septembre, il avait changé de collier et Colibri ne se rappelait plus trop bien de son pelage qui semblait plus foncé (en fait, il a vraiment un pelage de camouflage, qui varie avec le temps, un vrai caméléon !!! Ce n'est que lorsqu'il est venu à la maison qu'on a su que c'était le Joli-cœur qui me faisait la cour et qui avait fait craqué mes ILS comme les romantiques qu'ils sont ! Sinon, après les cinq mois où il est passé régulièrement à la maison pour manger, je ne l'ai pas revu depuis que nous sommes retournés à Paris fin janvier et y somme coincés... Mais j'ai 'ai entendu parler d'un projet de retour en Bretagne pour bientôt, j'espère bien qu'il sera là à nous accueillir, aussi grassouillet qu'on l'a laissé... Je le sommerai alors de nous adopter définitivement, sinon il va me faire une vie d'enfer à entrer et vouloir sortir tout le temps, il faut voir comment ILS sont quand il est là, à plier à tous ses caprices !

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  2. Bon, on se croirait chez nous où, dès que mon frère tarde à rentrer d'une balade dans "sa" forêt, Norma sort en courant pour aller le chercher, tellement elle a peur pour lui...
    Un peu bizarres, nos humaines, voire pathologiques avec leurs peurs infondées et leur manque de confiance, comme si on ne savait pas se débrouiller sans elles...
    Courage, ma Chipie, elle s’habituera bien à tes escapades, un jour...
    Plein de bisous, mon amie.
    Kalinette

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  3. Bon, Chipie, ce n'est plus Miette, partie au paradis des chats qui te réponds, mais Debbie, en pension pour quelques jours chez Babeth....ici aussi je n'avais pas le droit de sortir au début, l'été dernier....faut dire que je vivais dans un F2 en centre ville à l'époque, alors le jardin me semblait immense....et quand j'ai commencé à aller dehors, je restais tout près de la porte...
    maintenant, elle me laisse sortir tant que je veux pour guetter les oiseaux sur mon arbre préféré...(celui où elle accroche des boules de graisse)...mais elle sort en m'appelant dès que j'essaye de grimper sur le mur....il paraitrait que je ne saurai plus revenir si je tombe.....pffff!....même pas peur....
    Alors tu vois, ELLES sont toutes les mêmes....

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